En 2002, quelques intervenants de la Manicouagan se regroupaient à Baie-Comeau avec l’ambition d’obtenir le statut de réserve de biosphère auprès de l’UNESCO. Le projet s’annonçait aussi incertain qu’intéressant. D’une part, parce que la concertation exigée représentait un grand défi vu la diversité des utilisateurs de notre territoire. D’autre part, parce que très peu de sites dans le monde avaient réussi à intégrer de grands industriels à cette démarche, un aspect incontournable ici.

Ces visionnaires de la première heure, les instigateurs du projet, sont l’Association touristique régionale (ATR) de Manicouagan (devenue Tourisme Côte-Nord), la municipalité régionale de comté (MRC) de Manicouagan, le Conseil des Innus de Pessamit, la Ville de Baie-Comeau, Hydro-Québec et la compagnie Kruger. Ils étaient inspirés par la vitrine internationale que procurerait ce statut et par l’intérêt que présentait une intégration au grand réseau d’expérience et de savoir-faire formé par les réserves mondiales de la biosphère. Des personnes ont également investi temps et énergie au niveau personnel dans l’initiative dès ses débuts ; nous tenons à souligner particulièrement l’implication de Christian Bouchard et du regretté Pierre Frenette, respectivement président et vice-président fondateurs.

Le projet s’est bâti autour d’une vision, celle de devenir une région modèle de développement durable. L’obtention du statut de réserve de la biosphère représentait une occasion concrète de diversifier nos options pour le futur et de nous ouvrir sur le monde. Plus de 50 rencontres de travail plus tard et après une mobilisation régionale majeure, nous soumettions en 2007 notre candidature à l’UNESCO. Les documents officiels ont été avalisés par plus d’une soixantaine de signataires venant de tous les milieux – économique, autochtone, municipal, éducatif, politique, touristique et environnemental, entre autres. Non seulement nous avons intégré les industries au projet, mais elles en sont fondatrices et partenaires.

Le 18 septembre de la même année, le Conseil international de coordination, à Paris, nous annonçait enfin la désignation de Manicouagan-Uapishka comme réserve mondiale de la biosphère, récompensant ainsi cinq ans de démarches régionales.

David A. Walden, ancien secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO, mentionne dans son évaluation : « Manicouagan-Uapishka représente une direction prometteuse pour l’évolution des réserves de la biosphère modernes et je suis confiant qu’elle contribuera de façon significative à inspirer l’ensemble du réseau dans son cheminement vers un développement durable. »

Avec ce statut, qui concrétisait la pertinence de notre nouvelle façon de percevoir le développement régional, nous avons reçu la responsabilité d’agir dans le sens de notre vision et le devoir d’inspirer le réseau par nos succès.