Avec l’accélération des changements climatiques, le massif des monts Uapishka (Groulx), à l’intérieur duquel se situe la réserve de biodiversité Uapishka, est confronté à des défis majeurs. Selon Données Climatiques Canada, la température moyenne annuelle du massif pourrait augmenter de 5,6 degrés Celsius d’ici la fin du siècle. Ce réchauffement important dans un écosystème aussi fragile que celui des monts Uapishka constitue une menace sérieuse pour la biodiversité régionale. En effet, les monts Uapishka permettent d’accueillir diverses espèces exceptionnelles que l’on ne retrouverait pas d’ordinaire à cette latitude. On y retrouve entre autres des plantes arctiques-alpines, adaptées aux conditions climatiques hostiles des milieux alpins des monts Uapishka, telles que la diapensie de laponie (Diapensia lapponica) et la busserole alpine (Arctous alpina). Cependant, l’une des menaces les plus marquantes que font poser les changements climatiques sur cet écosystème est la perte de ces habitats de toundra alpine au profit de la forêt boréale.
À gauche : la busserole alpine, à droite : la diapensie de laponie © Marianne Valcourt (RMBMU)
Afin de mieux comprendre les impacts des changements climatiques sur cet îlot de toundra au cœur de la forêt boréale, la Réserve mondiale de la biosphère de Manicouagan-Uapishka (RMBMU) poursuivra cette année l’installation de différents équipements de mesure et de suivi météorologique contribuant à l’acquisition de données climatiques à long terme.
« L’installation de différentes stations météorologiques est un outil crucial dans l’amélioration des connaissances des impacts des changements climatiques sur ces habitats uniques pour de nombreuses espèces fauniques et floristiques, permettant ainsi de prendre des décisions éclairées et d’être proactif dans la gestion et la conservation de la biodiversité régionale. » — Charles Gignac, biologiste et chargé de projet principal de la RMBMU
En effet, l’installation d’une station météorologique en milieu forestier est prévue au début de l’automne 2023, dans le cadre d’une collaboration avec le Centre de foresterie des Laurentides (CFL) de Ressources Naturelles Canada (RNCan). Les données ainsi recueillies, jumelées à celle des autres stations météorologiques du secteur et à l’instauration d’un suivi à long terme de la végétation, permettront de mesurer les variations de la dynamique forestière en fonction de l’altitude, et des changements climatiques afin de mieux modéliser la transition projetée entre les habitats de toundra alpine et la forêt boréale.
Par ailleurs, une station météorologique standardisée sera également installée à l’automne 2023 aux abords du réservoir Manicouagan, avec le soutien d’Environnement et Changements Climatiques Canada (ECCC). Les données seront intégrées au Réseau de suivi climatique du Québec (RSCQ), géré par la Direction air et climat du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Ces données permettront d’augmenter les connaissances météorologiques et de raffiner les modèles de projection climatique de ce secteur puisque les stations météorologiques contributives au RSCQ les plus près sont situées à plusieurs centaines de kilomètres.
La première station météorologique du massif a été installée en 2021 au lac de la Plénitude, dans le cadre d’un projet en collaboration avec le CFL. — © Marianne Valcourt (RMBMU)
En parallèle, une seconde station de mesure de couverture de neige sera aussi installée en milieu forestier, avec le soutien de la Société du Plan Nord. Les données recueillies pourront être comparées à celles du secteur des sommets et serviront notamment à effectuer le suivi des conditions nécessaires au respect du protocole d’encadrement de la pratique de la motoneige, un élément important du plan de gestion de la réserve de biodiversité Uapishka. À noter que la première station de mesure du couvert de neige installée dans le secteur des sommets à l’automne 2022 et qui permet notamment d’évaluer les risques d’avalanche, a été mise en place dans le cadre d’un projet avec Sécurité Publique Canada (SPC).
Finalement, afin de supporter le déploiement de l’ensemble de ces équipements, la RMBMU a mis en place un réseau de communication radio 900 MHz sur le territoire. L’objectif est de connecter les stations météorologiques des partenaires scientifiques en place et à venir, et à assumer l’opération à long terme pour les projets de recherche et la sécurité des personnes qui fréquentent le territoire. Ce réseau permet de centraliser la communication des données via un système efficace et moins coûteux. Les données ainsi collectées pourront être consolidées et rendues accessibles autant pour les scientifiques effectuant de la recherche dans le secteur que pour le grand public, dont plus particulièrement les personnes qui fréquentent les monts Uapishka (Groulx). Des activités ciblées de diffusion concluront le projet afin de rejoindre les utilisateurs potentiels des données et stimuler leur utilisation.
Installation du réseau de communication radio 900 MHz – © Marianne Valcourt (RMBMU)