Il y a dix ans, un rêve audacieux prenait racine au cœur du Nitassinan de Pessamit, dans cette portion de territoire où se dressent les monts Uapishka (Groulx) et s’étale le spectaculaire cratère Manicouagan. Fruit d’alliances patiemment tissées entre le Conseil des Innus de Pessamit (CIP) et la Région de biosphère Manicouagan-Uapishka (RBMU), la Station Uapishka accueille touristes, scientifiques, Innu·e·s, entre autres, à la découverte de nordicité et d’authenticité.
Les principaux partenaires de la Station Uapishka s’y sont réunis du 2 au 4 septembre pour poser un regard sur les réalisations des 10 dernières années et les perspectives d’avenir. Pour certain·e·s, c’était une première occasion de fouler le sol de ce lieu unique, puisqu’un tel rassemblement n’avait pas encore pu avoir lieu depuis sa création.
Parmi les réalisations phares des 10 dernières pour former la relève, protéger les écosystèmes, mettre en valeur la culture innue et développer des connaissances, soulignons notamment :
- L’embauche et l’accompagnement de jeunes innu·e·s avec des parcours scolaires atypiques permettant de développer des compétences essentielles pour intégrer le marché du travail;
- L’organisation de séjours éducatifs avec de jeunes étudiant·e·s de la Manicouagan et de Pessamit, en compagnie de biologistes et d’ainé·e·s autochtones;
- La mise en place d’un programme de surveillance du territoire et d’application du protocole d’encadrement de la motoneige par la formation d’agents territoriaux innus;
- L’implantation d’un programme de sciences citoyennes invitant les personnes de passage à documenter la présence d’espèces végétales sensibles aux changements climatiques;
- L’installation d’antennes de communications radio, d’un parc d’équipements scientifiques permettant le suivi de données climatiques et d’un abri-refuge en montagne, permettant un soutien inédit à la recherche sur le territoire.
Pour Suzanne Charland, présidente de la Station Uapishka et élue au CIP, la Station représente « une façon de se réapproprier et occuper le Nitassinan, en plus de faire rayonner la culture innue ». Pour Patrick Desbiens, vice-président de la Station Uapishka et président de la RBMU, il s’agit d’un « terreau fertile pour cohabiter autrement, pour apprendre ensemble et pour valoriser le territoire dans toute sa grandeur et sa complexité ».
Inauguration du sentier d’interprétation
La RBMU a profité du momentum pour inaugurer le sentier d’interprétation de 5 km aménagé à proximité de la Station Uapishka. Muni de panneaux d’interprétation bilingues (français et innu-aimun) et d’un belvédère qui rappelle le patrimoine autochtone, le sentier permet de mettre en lumière les territoires disparus sous les eaux stagnantes du réservoir Manicouagan, de valoriser les savoirs autochtones et scientifiques et de sensibiliser le public à la fragilité du territoire. Ce projet est financé par le programme d’aide à la mise en valeur du territoire public du ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec et par Sentier Transcanadien.
Alors que ce cap symbolique des 10 ans est franchi, les partenaires mesurent tout le chemin parcouru et regardent devant avec l’ambition de structurer l’ensemble de l’offre de la Station, notamment par le réaménagement de l’auberge principale, en optimisant ses systèmes énergétiques et en y donnait une identité innue prononcée. Les prochains investissements consolideront aussi le rôle de la Station comme base logistique pour la recherche scientifique. Par ailleurs, de nouveaux protocoles d’entente viennent tout juste d’être signés avec l’Institut nordique du Québec et l’Université du Québec à Rimouski.


